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Space News InNet 184




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Space News InNet numero 184                          mardi 30 decembre 1997


	Sommaire

	Le fabuleux bilan 1997
	La France abandonne le CTV
	Arianespace prend le controle d'Ariane 5
	Cooperation Franco-Russe
	Des projets spatiaux en quete de financements
	Alenia fera les noeuds d'Alpha
	Biorack devient Biolab
	Memorandum sur Trimilsatcom

	Rectificatif du numero 183


A tous ses amis et lecteurs, Space News et  ses  collaborateurs  souhaitent
une bonne et heureuse annee 1998, ainsi  que  tout  le  succes  auquel  ils
aspirent dans leur entreprise ou l'exercice de leur passion.


LE FABULEUX BILAN 1997
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"Quand les gros maigrissent, les maigres meurent" :  ce  proverbe  oriental
devrait etre medite  par  les  scientifiques  se  prenant  a  croire  qu'un
renoncement a l'envoi d'hommes dans l'espace leur serait profitable.

C'est en fait un bilan sans precedent  qu'offre  1997  pour  ce  moteur  de
l'astronautique: les missions pilotees. Elles ont cette annee permis le vol
de 51 sujets, dont 16 bleus. Si l'on  tient  compte  d'une  presence  de  3
hommes dans Mir lorsque l'annee debuta, cela  porte  a  54  le  nombre  des
sujets a s'etre en 1997 trouves dans l'espace,  7  d'entre  eux  ayant  ete
conduits a voler deux fois parce que la navette Columbia - a laquelle avait
ete devolue la mission MSL-1 - dut, en avril,  revenir  apres  moins  de  4
jours; lancee a nouveau en juillet, elle resta cette fois la-haut  plus  de
15j ours, le programme ayant gagne a ce tronconnement.

Avec un temps total record: le peuplement de l'espace se poursuit. Si  rien
d'imprevu ne survient a bord de Mir d'ici au 31  decembre,  astronautes  et
cosmonautes auront en 1997 occupe l'espace pendant  plus  de  1.722  jours,
soit une moyenne de 4,7 sujets en permanence en  orbite,  contre  4,5  l'an
dernier. La Russie ne conserve plus la premiere place quant a la duree  des
vols dans  l'annee;  elle  devrait  s'adjuger  807  jours  contre  833  aux
Etats-Unis. Par leurs sejours a bord de Mir, Linenger, Foale et Wolf ont en
effet assure 3 73 jours aux Americains dont, sans eux, le score  se  serait
limite a 460 jours.

D'aucuns deploreront un certain retour au bipartisme, les temps passes dans
l'espace ayant ete essentiellement le fait des Americains  et  des  Russes.
L'an dernier, neuf representants de pays autres que les  Etats-Unis  et  la
Russie etaient restes 167 jours en orbite; moins de 83 jours - meme pas 4,4
% du temps total - s'est inscrit en 1997 a l'actif de six sujets, a  savoir
deux Francais (Clervoy et Chretien), un Allemand (Ewald), un  Canadien,  un
Japonais et un Ukrainien. On retiendra d'autre part que les 8 femmes  ayant
vole cette annee sont demeurees dans l'espace pendant 106 jours, en  regard
de 247 en 1996 (en raison de la performance de Shannon Lucid).

Mais 1997 aura egalement ete une belle annee spatiale  par  le  nombre  des
lancements, missions pilotees et automatiques confondues. Il avait  baisse,
de 87 il y a trois ans, a 75 en 1995 et 73 l'an dernier. La tendance a  ete
significativement inversee puisque nous en etions a  80  a  la  mi-decembre
avec la perspective de retrouver le niveau de  1994,  le  dernier  mois  de
l'annee etant toujours tres actif. Ce  nombre  eleve  d'operations  traduit
d'abord un dynamisme de l'Amerique spatiale: elle est en tete. La Russie se
defend honorablement avec, a ce jour, 22 operations, certaines  -  il  faut
toutefois le noter - ayant ete permises par les Americains.  Le  Japon  est
reste extremement  discret  tandis  qu'une  pugnacite  de  la  Chine  etait
remarquee avec aujourd'hui 5 lancements reussis de sa  Longue  Marche.  Les
Europeens ambitionnent d'avoir effectue 12 tirs, 11 avec Ariane 4 et 1 avec
Ariane 5, soit 13 % des lancements. Plus encore,  les  satellites  ont  ete
nombreux en 1997, avec deja 41 des 66 Iridium de Motorola (les elements  41
a 46 de la constellation devant etre lances le 20 decembre).

L'importance d'une annee spatiale  ne  saurait  cependant  etre  uniquement
exprimee par des chiffres. On retiendra la variete toujours plus grande des
operations : ainsi - comme si elle avait trouve une solution aux  problemes
qui se posent a elle pour envoyer des fonds a grande distance -  la  banque
centrale de Russie a lance un satellite Coupon. Surtout, on doit faire etat
d'une valorisation des missions par un materiel rendu plus performant grace
a de meilleurs microprocesseurs  et  a  des  logiciels  plus  subtils,  les
progres de l'electronique profitant aux vols automatiques  comme  aux  vols
pilotes dans la mesure ou des equipements plus elabores exigent plus encore
l'homme, auquel des moyens plus puissants sont offerts.

On n'aura enfin garde, dans un bilan de 1997, d'oublier  la  part  faite  a
l'espace lointain avec la perspective d'une grande releve par  Cassini  des
sondes actuellement en service et les resultats  de  missions  precedemment
engagees. Sur Mars, tous les objectifs ont ete atteints avec Pathfinder  et
son  petit  robot  Sojourner  par  lequel  les  Americains  ont  appris   a
telecommander depuis la Terre une automobile  sur  le  sol  de  la  planete
voisine. Une  surprise  de  taille  a  ete  l'importance,  hier  totalement
insoupconnee, des roches andesitiques sur le site Ares  Vallis.  Pour  Mars
Surveyor, les evenements ne se sont  pas  deroules  comme  prevu  mais  les
chances sont reelles de voir les techniciens utiliser  la  sonde  dans  des
conditions encore plus interessantes, le JPL etant passe  maitre  dans  des
retablissements de situation. Il nous l'a prouve avec  Galileo  jouant  les
prolongations pour un survol toujours fructueux des satellites de Jupiter.

Sans oublier la mission Near: sur la route d'Eros, cette  sonde  a,  le  26
juin, survole Mathilde dont la sphericite est apparue toute relative et  la
densite etonnamment faible.

Le plus deconcertant etant, face a ces exploits, une  indifference  de  nos
contemporains. Assoiffes d'aventure, ils revent de decouvrir les terres  du
ciel: on les leur montre et ils ne les voient pas.

Albert Ducrocq, Air & Cosmos


LA FRANCE ABANDONNE LE CTV
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Apres la reduction du budget du  CNES  (-200  MF  en  1998),  les  attaques
multipliees contre les vols habites et l'abandon de la cooperation  sur  le
vehicule de sauvetage CRV avec les Etats-Unis, la France  vient  d'annoncer
qu'elle renoncait au vehicule de transport d'equipage CTV. Ce  projet,  que
la France soutenait depuis de nombreuses annees, devait faire l'objet d'une
decision a la prochaine conference ministerielle de l'ESA en juin 1998.

Une decision qui aurait pu etre  prise  des  octobre  1995  si  l'Allemagne
n'avait pas demande a la France d'y renoncer. A cette epoque, il s'agissait
d'un projet de capsule CTRV dont le devis initial avait ete ramene  de  1,4
Md.UC a 1,2 Md.UC (9,2 a 7,6 MdF). Si la France avait assure la  moitie  du
financement, elle aurait du apporter 3,8 MdF en plus de sa participation au
vehicule de transport automatique  ATV.  Depuis,  une  cooperation  s'etait
etablie avec les americains sur un projet derive du X-38. Il  prevoyait  un
CRV de la NASA avec une participation d'environ 25 % de l'ESA et  l'inverse
pour le CTV dont le devis s'elevait alors a 13 MdF. Dans ce  cas,  la  part
europeenne aurait ete de 9,75 MdF dont la France aurait pu financer  40  %,
soit 3,9 MdF sur la periode 2000 a2005. A titre de comparaison,  le  budget
du CNES est de 12 MdF dont 5 MdF (40 %) vont a l'ESA).

Mais apres la mise en place du nouveau gouvernement,  le  premier  ministre
Lionel Jospin etait  intervenu  sur  la  politique  spatiale  francaise  en
declarant que "l'on ne devait pas s'engager dans des  programmes  que  nous
n'aurions pas les moyens de mener a leur tenue". Compte-tenu de la decision
qui vient d'etre prise, il designait apparemment le programme de CTV.  Dans
une recente interview,  le  directeur  general  du  CNES,  Gerard  Brachet,
declarait que "ce programme couterait 50 MdF et qu'il faudrait  doubler  le
budget spatial de l'Europe  pour  le  realiser".  Or,  ce  chiffre  est  en
contradiction avec les dernieres estimations qui faisaient etat de 13  MdF.
Par contre, il est evident que nous n'aurions pas les  moyens  de  mener  a
terme un projet de 50 MdF.

Ce programme, dont la France etait  le  moteur  europeen,  fait  appel  aux
technologies de rentrees atmospheriques qui ont ete mises au point pour les
corps de rentree de missiles strategiques. Or la  France  est  la  seule  a
maitriser cette technologie en Europe, l'Angleterre utilisant des corps  de
rentree americains Pour ses charges nucleaires. En outre,  un  savoir-faire
avait ete accumule avec le programme Hermes de  1978  a  1992  dans  lequel
l'Europe avait investi 12 MdF. Ce savoir-faire pourrait etre mis  a  profit
par d'autres pays europeens qui occuperaient ainsi le terrain que la France
leur aurait abandonne.

Christian LARDIER


ARIANESPACE PREND LE CONTROLE D'ARIANE 5
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Au-dela de son succes, le vol d'Ariane 502 a egalement permis de  qualifier
les moyens sol du Centre spatial guyanais (CSG) a  Kourou.  C'est  pourquoi
l'ESA et le CNES ont pu remettre l'ensemble de tir ELA-3 a la Direction des
operations d'Arianespace dirigee par Roger Solari.

Apres le vol 502, un programme de levee des reserves et ameliorations a ete
integre dans le  "plan  d'operations  etablissement".  Ainsi,  lors  de  la
campagne d'AR503, les  responsabilites  seront  partagees  entre  l'ESA  et
Arianespace. Puis, si tout se passe bien lors  du  vol  AR503,  Arianespace
prendra tout en charge a partir du vol suivant.  "Il  faudrait  autant  que
possible commencer la campagne AR503  fin  mars  ou  debut  avril  pour  un
lancement a la fin du premier trimestre 1998 puis le vol  504  interviendra
trois ou quatre mois apres 503, soit en octobre au plus  tot",  precise  le
directeur des operations.

Si les agences ont pu deleguer si rapidement leurs  responsabilites,  c'est
que les equipes de Roger Solari travaillent depuis deux ans sur le probleme
en mettant sur pied une structure industrielle qui comprend trois  entites.
Le groupe Mecaflumex, qui s'occupe de la mecanique et des fluides, comprend
Cegelec (mandataire francais), MAN (Allemagne),  Air  Liquide  (France)  et
Peyrani (Italie). Le groupe Mex-SCC, qui est responsable  des  systemes  de
controle et de commande,  comprend  Clemessy  (mandataire  francais),  ETCA
(Belgique), Thomson-CSF (France) et GTD (Espagne). Quant au CSG, c'est a la
fois un partenaire operationnel et  industriel.  Il  fournit  notamment  la
climatisation et l'alimentation electrique grace  aux  societes  De  Lattre
Levivier (France), Fabricom (Belgique) et Clemessy (France).

S'agissant des investissements, les moyens sol d'Ariane 5 ont coute environ
800 MUC, soit 5,4  MdF.  De  plus,  un  programme  "Infrastructure"  aidera
Arianespace a passer la phase de transition. L'objectif est de demontrer la
possibilite de faire une campagne de 25 jours pour les vols 507 ou 508 vers
fin 1999 ou  debut  2000.  En  outre,  Arianespace  va  prendre  en  charge
l'investissement d'un second puits de coulee a l'usine de poudre de  Kourou
pour passer a la cadence de dix tirs d'Ariane 5 par an a compter de 2003. A
noter  egalement  qu'avec   la   nouvelle   commande   de   20   Ariane   4
supplementaires, dont Roger Solari affirme que le prix a diminue de 40 a 45
% par rapport au lot P9 de 1989, il faudra encore investir pour assurer  la
perennite d'ELA-2 jusqu'en 2002.

Enfin, cote personnels, la prise en charge d'Ariane 5 s'est traduite par un
effectif supplementaire de 180 a 190 personnes. Desormais, il est  possible
d'effectuer 14 lancements d'Ariane 4 et 5 par an avec un effectif d'environ
500 residants d'Arianespace plus 60 a 70 missionnaires venant d'Europe.

"Notre  principal  objectif  est  de  reduire  les  couts  d'exploitation,"
explique le directeur des operations. "Si notre nouvelle structure  nous  a
deja permis, grace a la synergie des moyens, de reduire les couts de 20  %,
notre but est encore plus ambitieux puisque nous envisageons une  reduction
supplementaire de 10 %", poursuit  cet  ingenieur  diplome  de  l'Ecole  de
l'air. "Par ailleurs, le plan  d'operation  etablissement  nous  permet  de
gerer l'ensemble des activites du site en optimisant les ressources".

Grace a ces outils, Arianespace peut faire une campagne de tir  d'Ariane  4
en  seulement  17  jours  ouvres,  soit  une  journee  de  gagnee  sur   la
revalidation de la zone de lancement. En effet, il fallait jusqu'a  present
12 jours pour les operations lanceurs et 6 jours pour la revalidation  sol,
soit 18 j ours ouvres plus trois dimanche. Une Ariane 4 en version 44L, par
exemple, reste seulement 14 jours en zone de preparation, puis 12 jours  en
zone de lancement, soit un total de 26 jours contre 35 jours en 1992.

Une campagne Ariane 4  occupe  100  personnes  sur  la  partie  sol  et  70
personnes sur la partie bord. Le cout d'entretien de la  plate-forme  ELA-2
(frais fixes) est d'environ 1 MF/jour, tandis que celui d'ELA-3 est  reduit
d'environ 20 %. A cela, il faut ajouter 0,8 a 1 MF/jour lors d'une campagne
(couts recurrents), somme qui est gagnee par la reduction d'une journee  de
campagne.

Outre les retombees financieres, ce gain de temps permet de rattraper, a la
fin de l'annee, les retards dus a l'indisponibilite des satellites en debut
d'annee. En effet, Arianespace n'a qu'une  visibilite  reduite  a  quelques
mois sur la disponibilite des satellites. "Mais nous avons la  capacite  de
faire face a une indisponibilite et de  modifier  le  lanceur  en  zone  de
lancement avec differentes possibilites de configuration. Cette  redondance
"chaude" est une belle demonstration de notre flexibilite",  insiste  Roger
Solari qui rappelle que dix Ariane  4  et  deux  Ariane  5  devraient  etre
lancees en 1998.

Christian Lardier


COOPERATION FRANCO-RUSSE
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A la 32e reunion annuelle sur  la  cooperation  spatiale  franco-russe,  le
groupe de prospective spatiale a discute des possibilites offertes  par  la
station  spatiale  internationale.  Celui  dedie   aux   telecommunications
spatiales a etudie  le  developpement  de  systemes  globaux  (gestion  des
situations  d'urgence,   systemes   de   messagerie,   de   navigation   et
positionnement, recherche et sauvetage). L'instrument Scarab-2 devrait etre
lance sur le satellite Ressource-01-4 en avril 1998. La cooperation sur  la
prevention des risques naturels sera approfondie au premier trimestre 1998.
Enfin, la relance de la cooperation dans les sciences de l'univers  et  les
actions conjointes dans le domaine des systemes et  services  de  lancement
ont ete examinees.


DES PROJETS SPATIAUX EN QUETE DE FINANCEMENTS
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L'industrie spatiale mondiale devrait voir son chiffre d'affaires passer de
77 Md$ - avec un effectif global estime a environ 836.000  personnes  -  en
1996 a environ 121 Md$ (700 MdF) en l'an 2000. D'apres une  analyse  de  la
societe  de  capital-risque  Genes  GmbH  Venture   Services   de   Cologne
(Allemagne) presentee par Jorg Kreisel.

Les plus  importants  developpements  sont  attendus  dans  les  "nouvelles
applications", qui devraient passer de 4 a 13 Md$ (75  MdF),  et  dans  les
telecommunications dont on prevoit un doublement du chiffre d'affaires,  de
23  Md$  actuellement  a  46  Md$  (27  MdF).  Les  activites  de  services
demeureraient stables, a environ 3 Md$ (17 MdF), de meme que les programmes
d'infrastructure  qui  resteraient  l'activite  dominante  (en  termes   de
revenus) avec une part relative en legere regression (de 61 a  49  %)  mais
encore majoritaire en valeur absolue avec 59 Md$ (340 MdF).

Il y a donc la de quoi interesser aussi bien les industriels etablis et les
nouveaux entrepreneurs  que  les  financiers  prets  a  investir  dans  des
secteurs d'avenir a fort potentiel de developpement. Comme on l'a  constate
au premier  "Sommet  international  de  capital-risque"  tenu  recemment  a
Sophia-Antipolis. Fonds dedies pour l'espace "On constate cependant  encore
aujourd'hui les difficultes du  capital-risque  dans  le  secteur  spatial,
surtout pour les projets a finalite commerciale", a souligne Jorg  Kreisel.
Pour y remedier, dit-il, "il faut plus de comprehension mutuelle". Afin  de
faire coincider l'interet des financiers (soucieux de rentabilite  a  court
terme) avec les objectifs des projets spatiaux (a rentabilite plutot a long
terme). Selon lui, pour reussir cette  symbiose,  il  faut  a  la  fois  un
changement de cultures et des instruments financiers adaptes, a l'instar du
"Space Vest Fund" (50 M$) cree en 1995. Genes a d'ailleurs investi dans  un
programme de formation et dans un  fonds  international  de  capital-risque
specialement dedie aux projets spatiaux.

Garrett P. Gruener, fondateur d'Alta Partners (Etats-Unis), a  rappele  que
l'approche du secteur spatial par  le  capital-risque  est  difficile  pour
trois raisons: l'importance du capital necessaire, la duree des projets  et
l'engagement etatique dans la plupart d'entre  eux.  Il  a  aussi  presente
l'experience d'Alta dans la mise  sur  pied  d'Earthwatch,  premiere  firme
privee a s'etre lancee dans les satellites commerciaux d'observation a tres
haute resolution. Alta est intervenu dans le financement initial du  projet
dont le cout est passe de 45 M$ a  190  M$  (1,1  MdF).  Cela,  pour  trois
satellites : un Early Bird (a 3 inches de resolution) et deux Quick Bird (a
1 inche).

Early Bird sera lance - en principe le 24 decembre - par une  fusee  russe.
"Cela permet d'economiser 50 % des frais de lancements" par  rapport  a  un
lanceur occidental, explique G. Gruener.  Des  accords  ont  en  outre  ete
passes avec plusieurs firmes (Ball, Italspazio, etc.)  pour  l'exploitation
des satellites d'Earthwatch qui veulent concurrencer les actuels satellites
d'Eosat et Spot Image (limites en resolution a  10  inches,  mais  avec  un
champ de 60 km). Le marche potentiel d'Earthwatch est estime a plus de  500
M$ (pres de 3 MdF).

BMP Technologie Beteiligungs AG (Allemagne) s'interesse aussi a ce secteur.
Comme l'a rappele Oliver Borrmann, directeur de BMP Management  Consultants
a Berlin. Creee depuis quelques mois, BMP TBAG prevoit d'investir 50  a  80
M.DM (170 a 270 MF) dans le capital-risque  en  1998.  BMP  s'interesse  en
particulier aux telecommunications par satellites et a deja investi dans le
systeme Deutsche Phonesat et deux projets derives:  l'un  d'equipement  des
aeroports  militaires  en  Allemagne  (BAN)  et   l'autre   de   satellites
d'observation a haute resolution (UVE). Ce systeme, similaire a Earthwatch,
utilisera une camera concue pour surveiller l'Ukraine.

Aerospatiale (France) a aussi cree, il y a un an, une structure d'aide a la
creation d'emplois dans les PME.  "Aerospatiale  Developpement  s'interesse
actuellement a une  petite  firme  de  Sophia-Antipolis  qui  developpe  un
simulateur de vol et a  une  autre  societe  (situee  pres  d'Eurocopter  a
Marseille) de production de photopiles notamment pour les satellites  faits
a Cannes", a explique son representant, Jacques Bottero.

Andre Duquenne, vice-president de T2C2/lnfo, creee par Sofinov (filiale  de
la Caisse des  depots  et  placements  du  Quebec),  a  fait  part  de  son
experience de gestionnaire du Fonds Innovatech du Grand Montreal. Lequel a,
en 4,5 ans et  avec  300  M$,  cree  2.300  emplois  et  realise  de  forts
rendements  d'investissements  dans  les  biotechnologies  (23  %)  et  les
technologies de l'information (63 %). T2C2 a, pour sa part, deja  reuni  en
cinq mois un fonds de 70 M$.

Specialisee dans le capital-risque de demarrage, T2C2  s'interesse  surtout
aux projets a fort potentiel de croissance et Andre  Duquenne  a  notamment
cite, dans l'aerospatial, les technologies relatives a l'observation de  la
terre, a l'entretien des aeronefs, a l'atterrissage (avec  recepteurs  GPS)
et au confort des passagers (sieges, ambiance, etc.). A  ce  propos,  il  a
donne en exemple l'humidistat electronique d'Air Data.  Developpe  avec  Le
Bozec & Gauthier (France), l'appareil vise un marche de 450  M$  (2,3  MdF)
pour equiper 2,500 avions dont les Airbus A340.

Plan europeen pour les PME

Plus generalement, Edwige Avice, president-fondateur de  La  Financiere  de
Brienne (groupe DCI), a souligne qu'a la suite des regroupements de grandes
entreprises en Europe, "il est a prevoir que les entreprises de deuxieme et
troisieme niveaux vont aussi etre amenees a se regrouper  et  a  developper
des productions de plus  en  plus  duales,  comme  aux  Etats-Unis".  C'est
d'ailleurs pourquoi, LFB, qui jusqu'a  present  intervenait  uniquement  au
profit d'entreprises  francaises,  "mene  une  etude  afin  d'utiliser  son
savoir-faire dans un  nouveau  projet  plus  europeen".  Elle  regarde,  en
particulier, le moyen de developper, avec d'autres partenaires,  un  nouvel
outil financier pour accompagner des regroupements transfrontaliers de PME.
Cela, en utilisant a la  fois  des  capitaux  prives  et  des  financements
europeens (BEI et FEI).

Pierre Langereux


ALENIA FERA LES NOEUDS D'ALPHA
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L'ESA a signe le 12 decembre un accord avec l'ASI  pour  la  fourniture  de
deux noeuds de jonction (node n. 2 et 3) destines  a  la  station  orbitale
internationale. D'un montant de 115 MUC (747  MF),  cette  fourniture  sera
assuree sous la maitrise d'oeuvre d'Alenia Spazio. Le lancement du noeud de
jonction n.2 est actuellement prevu pour avril 2001.


BIORACK DEVIENT BIOLAB
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Matra s'est vu attribuer par l'ESA un contrat de 21 MF pour  la  fourniture
du laboratoire Biolab destine au module europeen  Colombus  de  la  station
orbitale internationale Alpha. Ce laboratoire  succedera  a  Biorack,  deja
utilise six fois avec succes sur le Spacelab. Il permettra de realiser  des
experiences en biologie cellulaire pendant pres de 10 ans.


MEMORANDUM SUR TRIMILSATCOM
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L'Allemagne, la France et le Royaume-Uni ont signe un  accord  couvrant  la
phase  de  definition  conjointe  de  leur  futur  systeme   militaire   de
telecommunications par satellite Trimilsatcom. L'intention est de  notifier
deux contrats d'etudes a  des  equipes  industrielles  menees  par  Alcatel
Espace et Matra Marconi Space. Au terme de cette etude, un maitre  d'oeuvre
sera selectionne pour la realisation du systeme  qui  comprendra  plusieurs
satellites  geostationnaires.  L'elargissement  possible  du  programme   a
d'autres nations et a l'OTAN fait l'objet de discussions dans le  cadre  de
l'initiative Eumilsatcom impliquant  la  Belgique,  le  Canada,  l'Espagne,
l'Italie et les Pays-Bas.


RECTIFICATIF DU NUMERO 183
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Alain Smette nous fait part d'un certain nombre d'erreurs qui  apparaissent
dans l'article de Albert Ducrocq concernant les  recentes  observations  de
contre-parties optiques des gamma-ray bursts, notamment dans le  paragraphe
suivant :

"  D'abord Hubble a pu associer une  source  optique  au  sursaut  dit  GRB
"  970228, pour Gamma Ray Burst du 28 fevrier 1997. Les 26 mars et 7 avril,
"  soit 26 jours et 39 jours apres sa detection, la camera planetaire WFPC2
"  du telescope spatial observait en effet, pendant un temps total de  4700
"  secondes, dans la "boite d'erreur" de ce sursaut, une  source  lumineuse
"  sur  laquelle  des  filtres  fournissaient  des  donnees  d'autant  plus
"  precieuses que coherentes avec des mesures effectuees a Hawaii  avec  le
"  Keck aux 10 m d'ouverture. Les unes et les autres faisaient presumer  la
"  decroissance d'eclat d'un objet  depuis  le  28  fevrier,  comme  si  ce
"  jour-la une boule de  feu  cosmique  avait  ete  enfantee.  Elle  aurait
"  d'abord ete extremement compacte, emettrice gamma, puis productrice d'un
"  rayonnement X, recu par le satellite italien SAX et etudie a Rome  comme
"  a Bologne, tandis que son diametre apparent devenait  de  plus  en  plus
"  important.

Une premiere remarque tout d'abord: la localisation precise de la  position
des  Gamma-ray  Bursts  (GRB)  est  difficile  en  rayon  gamma,  mais  pas
impossible.  Un  instrument  appele  BATSE,  place  a  bord  du   satellite
COMPTON-Gamma Ray Observatory,  a  ete  concu  pour  pouvoir  etre  mis  en
activite chaque fois qu'une explosion gamma (un 'burst')  se  declenche  et
localiser  la  direction  de  la  source  tres  rapidement:  une  fois  les
coordonnees transmises aux observatoires situes sur le  sol  terrestre,  on
pouvait ainsi esperer detecter une  contre-partie  optique  (j'ai  moi-meme
participe a ce genre de programme). Malheureusement, au lieu  d'une  erreur
esperee sur la position de la  source  d'environ  1  degre,  BATSE  n'a  pu
produire des localisations a precises a mieux  de  5  degres.  Une  seconde
methode, nettement plus precise,  mais  plus  lente,  mais  en  oeuvre  des
detecteurs gamma situes sur differentes sondes  interplanetaires  (Ulysses,
Mars Observer, etc...): l'erreur  est  alors  reduite  a  quelques  minutes
d'arc; malheureusement, le temps necessaire pour recuperer les donnees  des
differentes sondes et effectuer les calculs necessaires n'a  que  recemment
pu etre  reduit  suffisamment  pour  rechercher  la  contre-partie  optique
suffisamment rapidement apres le 'burst'.

Une troisieme methode est donc d'associer au  detecteur  gamma  une  camera
sensible aux rayons X, qui permet une localisation nettement  plus  precise
(de l'ordre d'une minute d'arc): on s'attend en effet que si la source emet
dans  des  rayons  gamma,  elle  emette  aussi  des  rayons-X.  Une   telle
combinaison est un element important du futur satellite europeen  Integral,
qui doit etre lance en 2001 par une fuseee russe Proton. Or il se fait  que
le satellite Beppo-SAX, construit conjointement par  les  Italiens  et  les
Neerlandais - et non seulement Italien,  comme  decrit  par  Mr  Ducrocq  -
dispose de cette combinaison (et apparemment sans que  les  concepteurs  se
soient rendu compte de son importance!). Ainsi lorsque le detecteur gamma a
bord de Beppo-SAX detecte une explosion gamma dans une region du ciel  dans
la direction de laquelle pointe  egalement  la  camera  de  rayons  X,  une
localisation inegalee est possible. C'est arrive la  premiere  fois  le  20
juillet 1996 et de nouveau le 11 janvier 1997. Cependant, dans les  2  cas,
les observations optiques obtenues au sol peu de temps apres  n'ont  revele
aucune source variable. Ce n'etait  que  partie  remise:  des  observations
obtenues avec le  WHT  (le  telescope  de  William  Herschell  de  4m20  de
diametre, situe sur l'ile de La Palma, dans les  Canaries)  par  un  groupe
europeen conduit par des astronomes hollandais revelent  pour  la  premiere
fois une source dont la luminosite decroit  rapidement  dans  la  direction
donnee par la camera de rayons X a bord de Beppo-SAX: GRB 970228 (Gamma-ray
burst du 28 fevrier 1997) devient fameuse. Ce n'est que par  apres  que  du
temps discretionnaire est obtenu pour que le telescope spatial Hubble et le
telescope  Keck  observent  la  source...  Pour  les  chauvinistes,   cette
decouverte est  donc  essentiellement  neerlandaise  et  italienne...  mais
montre que les relations publiques americaines sont  bien  plus  efficaces,
puisque meme Mr Ducrocq pense que ce  sont  les  Americains  qui  sont  les
auteurs de la decouverte.

Alain Smette

Merci Alain, toutes ces precisions sont extremement interessantes !


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