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Space News InNet numero 145




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Space News InNet numero 145                         lundi 28 avril 1997


	SOMMAIRE

	Trente ans apres Komarov
	Multiplication des satellites de teledetection
	Forte reduction du cout des stations au sol
	Le CarterCopter
	Un nouvel echec d'Ariane 5 pourrait sonner le glas 
                      des ambitions spatiales de l'Europe
	Le Canada fabriquera la main spatiale d'Alpha
	Navigation par satellite au Japon
	Recherche en microgravite aux USA
	560 MF pour le lanceur Sea Launch
	Abrixas lance de Kapustin Yar
	Le satellite Ressource-DK en 1999
	Deux licences de radio satellitaire

	Les News
	Le prochain numero


TRENTE ANS APRES KOMAROV
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Trente annees se sont ecoulees depuis le tragique vol du premier Soyouz,
particulierement actuel en raison du contraste qu'il donne l'occasion de
souligner. Le drame de l'astronautique en Russie est en effet la
non-implication directe des hommes aujourd'hui au pouvoir; ils se
preoccupent de tout sauf de l'espace. A l'epoque de Soyouz 1, la volonte
politique etait au contraire outranciere, alors que les Sovietiques
commencaient a se sentir en perte de vitesse devant les Etats-Unis.

De plus en plus peniblement, ils avaient continue a s'adjuger des grandes
premieres. Les dernieres a leur actif avaient ete la sortie de Leonov en
mars 1965 (au cours d'un vol fort difficile, trois mois avant que White
accomplisse pareil exploit avec un pistolet orientateur) et l'arrivee sur
la Lune en fevrier 1966 d'un Luna 9 photographe: trois mois apres, Surveyor
1 s'offrait le luxe d'un double freinage. Dans le meme temps, la rafale des
missions Gemini avait permis aux Americains de dominer le rendez-vous
orbital alors qu'hesitations et changements sans nombre 10 Voskhod avaient
initialement ete prevus comme il y avait eu 10 Gemini pilotees avaient
cloue les cosmonautes au sol.

Mais, sans doute, la catastrophe avait ete pour les Russes la mort du
constructeur en chef, Serguei Korolev, le 14 janvier 1966. Il n'etait pas
d'un caractere facile: ses succes de la periode 1957-1962 lui avaient a la
fois monte a la tete et valu de solides inimities. Kamanine en particulier
etait tres hostile a Korolev: lorsque nous l'avions recu a Paris, il nous
avait presente l'armee de l'air comme "seul artisan des succes spatiaux
sovietiques".

A l'actif de Korolev s'inscrivait toutefois un remarquable realisme. Il
connaissait les faiblesses techniques de l'Union sovietique, mais il avait
fait la part entre celles qui ne constituaient nullement un handicap
souvent, affirmait-il, un materiel rustique fait aussi bien sinon mieux
qu'un materiel sophistique et celles qui exigeaient de puissants efforts
cibles avec l'objectif que, sur des points specifiques, la technologie
americaine soit depassee: ainsi Korolev avait mise sur le Soyouz ultra
compact pour qu'un vol lunaire pilote soit possible avec, au depart, 70 t
en orbite terrestre au lieu de 130 t avec la Saturne 5. Surtout, Korolev
savait quand une mission pouvait etre decidee. Si tout n'etait pas pret, il
le disait aux hommes politiques et ceux-ci se resignaient. Sa disparition a
laisse un grand vide a un moment critique. Cinq mois se sont ecoules avant
que, pour lui succeder, Michine soit designe. Il n'a pas sa carrure, et se
soumet a une volonte politique devenue tres forte, meme si les techniciens,
rendus perplexes par les difficultes qu'ils ont vu s'accumuler lors des
repetitions, sont hostiles au rapide emploi du nouveau vaisseau pilote. Au
debut de 1967, il est revelateur que celui-ci n'ait pas encore de nom. On a
preconise qu'il s'appelle Droujba (Amitie). Soyouz (Union) sera retenu.

C'est au Kremlin que la decision a ete prise Brejnev commande le programme
spatial russe de faire en une seule mission mieux que tout le programme
Gemini: d'abord un Soyouz 1 pilote par Komarov (avec Gagarine pour
doublure) quittera Baikonour, puis, le lendemain, un Soyouz 2 occupe par
Khrounov, Eliseiev et Bykovsky ira le rejoindre pour creer la premiere
station de l'espace, ce qui symbolisera a la fois le ravitaillement en
orbite et les futurs transferts d'equipage: Khrounov et Eliseiev passeront
du Soyouz 2 dans le Soyouz 1 a bord duquel ils reviendront.

Tel avait ete le calcul. La realite en decida autrement. Le Soyouz 1 fut
tres bien lance, comme prevu, le 23 avril 1967 a 1 h 35 TU, mais en orbite
les incidents se sont multiplies. Son panneau solaire gauche ne s'est pas
deploye, le condamnant a fonctionner avec une puissance electrique reduite
de moitie. L'emetteur HF a ete defaillant, de sorte que les Russes ont du
se contenter d'episodiques liaisons en VHF. Enfin les changements d'orbite
et la stabilisation se sont reveles impossibles. Komarov a tente par tous
les moyens de faire face a la situation, quasiment livre a lui-meme:
lorsqu'apres 8 heures sans communication, un contact est redevenu possible,
le cosmonaute a fait a 23 h 20 un tableau si sombre de la situation que les
Russes se sont resolus a annuler le lancement du Soyouz 2 prevu le 24 a 1 h
10 alors que l'operation avait ete maintenue nonobstant les difficultes que
Komarov avait eprouvees. Le probleme etait de faire revenir un Soyouz 1
devenu fou. Une procedure ordonnee par le centre de Evpatoria devait
echouer a la 1 7e revolution. A la 18e, une solution acrobatique recourt a
la Pleine Lune avec memorisation de l'attitude par des moyens de fortune.
Komarov desespere de reussir. Mais a la 19e revolution, son habilete a
combiner intuition et capteur ionique est recompensee: la retrofusee peut
fonctionner dans la bonne orientation.

L'operation va-t-elle, en dehors du cercle des inities, pouvoir etre
finalement presentee comme un succes ? On le croit fermement en Russie,
jusqu'a ce que l'irreparable survienne a 4 h 21: la non-ouverture du
parachute principal et l'empetrement du parachute secondaire dans les fils
du parachute extracteur. Apres une chute libre au cours de laquelle des
radio-amateurs affirment avoir capte des appels au secours de Komarov la
violente percussion du sol a 4 h 24 provoque l'explosion des fusees a
poudre incendiant les restes de l'infortune Soyouz 1.

Albert Ducrocq, Air & Cosmos


MULTIPLICATION DES SATELLITES DE TELEDETECTION
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L'observation de la Terre va entrer dans une nouvelle phase des cette
annee. C'est celle de la multiplication du nombre des satellites, de la
mise en service des premiers instruments a haute resolution et
hyperspectraux, ainsi que du deploiement des premiers systemes commerciaux
prives et de nouveaux systemes a financement hybride (gouvernemental et
prive). Il devrait s'ensuivre une modification considerable du paysage de
ce secteur d'activite dans les dix prochaines annees. Le marche mondial,
qui stagne depuis une dizaine d'annees, devrait enfin connaitre une
expansion tres attendue.

Ce marche est actuellement domine par Spot-Image, qui attend avec
impatience le lancement en mars 1998 de son prochain satellite Spot-4 pour
remplacer la perte de Spot-3 en novembre 1996. Le nouveau satellite, qui
utilise une plate-forme Mk-2, possede de nombreuses ameliorations dont une
charge utile plus lourde (canal infrarouge supplementaire, experience
Vegetation et terminal optique Pastel du programme Silex de liaisons
intersatellites par laser), une plus grande puissance electrique, une duree
de vie augmentee, une memoire du logiciel de bord triplee, une memoire a
etat solide, de nouveaux gyrometres, ainsi qu'un nouveau centre de controle
a Toulouse qui permettra de reduire le cout d'exploitation.

L'Inde, pour sa part, a commence a distribuer les images de son satellite
IRS-1C (6 m de resolution) sur son marche interne, la distribution externe
etant assuree pendant dix ans par EOSAT, qui recoit les donnees a Norman
(Oklahoma). En outre, il existe deux autres stations de reception a
Neutrelitz (Allemagne) et Taiwan pour une distribution regionale. La
commercialisation est assuree par la societe Euromap, une filiale de la
compagnie GAF de Munich qui a signe un accord exclusif avec EOSAT
(Etats-Unis) et Antrix (Inde). L'Inde prevoit par ailleurs le lancement de
huit autres satellites de teledetection jusqu'en 2003 dont le IRS-P6 alias
Cartosat-1 qui aura une resolution de 2,5 m.

Mais de nouveaux concurrents vont faire leur apparition dans les prochains
mois. I1 s'agit des systemes EarthWatch estime a 200 M$ (1,1 MdF), Orbimage
estime a 250 M$ (1,4 MdF) et Space Imaging estime a 500 M$ (2,8 MdF) qui
vont inaugurer l'imagerie a haute resolution. Les deux premiers satellites
Early Bird d'EarthWatch auront une resolution de 3 m en panchromatique et
15 m en multispectral, tandis que le satellite Orbview Lite d'Orbimage
aura, respectivement, des resolutions de 1 m et 8 m. Space Imaging, qui a
rebaptise ses satellites Carterra/CRSS, regroupe Lockheed Martin, E-Systems
du groupe Raytheon, Mitsubishi, Vonder Orst et Lokley. En plus des deux
satellites deja en construction, un troisieme pourrait suivre en 2002. D'un
poids de 817 kg, il a une duree de vie de sept ans. Il dispose d'une
memoire a etat solide (RAM) de 64 Gbit et transmet les images avec un debit
de 320 Mbps en bande X. La station de controle est situee a Denver
(Colorado). Les images auront une resolution de 1 m avec un champ de 11 km
(le long de la trace), 1 m avec un champ de 700 km (angle de 26 deg), 1,5 m
avec un champ de 1.450 km (angle de 45 deg) ou 2 m avec un champ de 1.860
km (angle de 51 deg).

La station suedoise de Kiruna devrait recevoir les images pour l'Europe,
Swedish Space Corp (SCC) etant pressenti comme le representant de Space
Imaging. Cependant, la firme americaine, qui possede deja des partenaires
en Coree du Sud, au Japon, en Australie et a Singapour, souhaite que sa
filiale europeenne soit un consortium d'industriels europeens dont SCC
pourrait etre le leader. Un autre projet, qui s'appelle Ressource 21,
regroupe Boeing et GDE Inc. Il prevoit une constellation de six satellites
dotes d'une camera multispectrale (10 m de resolution) destinee a
satisfaire les besoins de 35.000 fermiers americains. Cependant, il n'a
toujours pas de financement.

La NASA va lancer deux petits satellites dans le cadre du programme SSTI
(Small Spacecraft Technology Initiative). Le premier, Lewis (288 kg), a ete
construit par TRW. Il emporte les instruments HSI (Earth imaging
Hyperspectral Imager), LEISA (Linear Etalon Imaging Spectral Array) et UCB
(Ultraviolet Cosmic Background). Pour la premiere fois, HSI permettra
d'obtenir des donnees dans 384 canaux alors que les instruments
multispectraux les plus evolues n'ont pas plus de 20 canaux. Cette nouvelle
technique hyperspectrale sera particulierement efficace pour la recherche
des gisements d'or et de diamant. Les images seront recues par la station
de TRW a Chantilly (Virginie), l'universite de Fairbanks (Alaska) et le
Stennis Space Center (Mississippi). Le second, Clark (278 kg), a ete
construit par CTA Inc. I1 est equipe d'une camera de 3 m de resolution en
panchromatique et 15 m en multispectral, d'un spectrometre Roentgen et deux
experiences sur la pollution atmospherique. Le satellite dispose d'une
memoire a etat solide de 2 Gbit et transmet les images avec un debit de 25
Mbps en bande X.

En outre, la NASA developpe deux autres programmes avances en
teledetection. Il s'agit du satellite Earth Orbiter-1 du programme New
Millenium et des deux missions du nouveau programme Earth System Science
Pathfinder (ESSP). Le satellite EO-1, qui doit etre lance en 1998, sera
dote d'un Advanced Land Imager d'une resolution de 10 m en panchromatique
et 30 m en hyperspectral (200 canaux). Les missions de l'ESSP sont le
Vegetation Canopy Lidar et le Gravity Recovery Climate, qui seront
respectivement lances par une fusee Pegase en 2000 et une Cosmos-3M en
2001. La premiere sera construite par CTA Inc. pour un montant de 59,8 M$
(334,8 MF), tandis que la seconde, construite par Loral avec une
participation de Dornier, comprendra deux satellites en tandem pour 85,9 M$
(481,0 MF).

En Israel, il existe plusieurs programmes en developpement. Le premier
concerne le micro-satellite Techsat-2, qui doit emporter une camera a haute
resolution. Le second est le projet germano-israelien David des firmes OHB,
El-Op, GAF et l'universite Ben-Gourion. C'est un petit satellite qui
emporte un instrument multispectral MSRS a 12 canaux (0,435 a l microns).
Les images auront une resolution de 5 m sur un champ de 30 km, qui seront
meilleures que celles du Thematic Mapper de Landsat5, seront utilisees pour
l'agriculture, la sylviculture, l'hydrologie, etc. L'instrument de prise de
vue est derive du telescope W de l'experience Tauvex du satellite russe
Spectre-RG. Il possede un nouveau plan focal avec quatre detecteurs a trois
canaux chacun. L'essentiel du materiel est pris "sur etagere", ce qui en
fait un programme a bas prix. En outre, il sera compatible avec toutes les
stations de reception existantes. Actuellement, la Phase A est terminee et
le developpement, qui ne devrait pas durer plus de deux ans et demi,
commence deja. Le financement est assure par les agences spatiales
israelienne et allemande.

Enfin, le projet americano-israelien EROS regroupe la firme Core Software
et Israel Aircraft Industries (IAI). Il s'agit d'utiliser deux satellites
derives d'Ofeq-3 pour constituer une banque d'images qui sera disponible
sur un reseau mondial ImageNet. L'exploitation sera assuree par Paragon
Imaging Inc., filiale de Core Software qui s'occupait de renseignement au
Etats-Unis (un marche d'environ 40 MdF en 1990). Un consortium, baptise
West Indian Space Ltd, sera constitue a partir des fondateurs, des
partenaires, des stations de reception et des distributeurs. Les deux
satellites EROS, qui devraient etre en exploitation des 1999, fourniront
des images de 1,5 m de resolution.

Deux projets pour la Mediterranee

Aerospatiale propose un systeme mediterraneen COSME qui comprend le
satellite de telecommunications Medsat, un petit satellite de teledetection
COALAS utilisant la plate-forme Proteus et l'infrastructure terrestre
associee. Ce systeme regional, qui pourrait etre decide a la fin de
l'annee, sera entierement prive. COALAS serait notamment utilise pour la
gestion des risques (tremblement de terre, tempetes, inondations, etc.) et
de leurs consequences au niveau des assureurs. Il pourrait etre lance en
2001 ou 2002 et l'investissement serait rembourse en trois ou quatre ans.
En outre, Aerospatiale devrait aussi utiliser Proteus pour les satellites
3S et ISIS.

Alenia Aerospazio (Italie), pour sa part, propose la constellation
COSMO/Slymed pour le bassin mediterraneen. Elle sera constituee de trois
satellites optiques et quatre autres a radar. Derives des Globalstar (450
kg), ils devraient couter entre 30 et 40 M$ l'unite. Alenia a aussi etudie
pour l'ESA la prochaine generation prevue en 2010. La constellation serait
alors constituee de cinq satellites optiques (resolution de 0,5 m) et de
dix autres a radar (resolution de 1 m). Plus legers (300 kg), ils feront
largement appel aux nouvelles technologies: optiques adaptives, structures
gonflables, cryostats a cycle de Sirling, antennes ultra-legeres, nano et
micro-technologies, propulsion electrique, etc.

La DLR (Allemagne) prevoit, quant a elle, le lancement des petits
satellites FIRES et BIRD. Le premier, realise avec OHB, sera dote d'une
camera MOMS pour la detection des feux, tandis que le second, realise avec
l'universite de Berlin, possedera une camera a grand angle WAOSS.

Radarsat International (Canada), qui avait rencontre quelques problemes
avec son satellite en 1996, estime qu'elle depasse aujourd'hui ses
objectifs commerciaux avec un revenu de 1,85 M$CAN (7 MF) en mars.
L'imagerie radar, qui n'a pas encore atteint la maturite de l'optique,
devrait egalement connaitre une expansion au debut du prochain millenaire.

Christian LARDIER, Air & Cosmos


FORTE REDUCTION DU COUT DES STATIONS AU SOL
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Le prix d'une station de reception d'images spatiales varie beaucoup selon
les cas. S'il faut une antenne dont le diametre minimal est de 5 m, les
prix s'echelonnent entre 2 et 3 M$ 10 a 15 MF). Par contre, sans l'antenne,
certains fournisseurs vendent l'appareillage dedie a un satellite au prix
d'environ 400 KF. Cependant, dans certains cas, la complexite du satellite
fait monter les prix. Mais, globalement, il est dix fois inferieur a celui
des stations vendues il y a dix ans. Cette revolution devrait permettre de
les faire pousser comme des champignons dans le monde entier.

Le leader mondial, la filiale Matra Cap Systems du groupe Lagardere, a
remporte recemment de nouveaux succes dans le domaine des segments sol pour
l'observation de la Terre. Elle a d'abord recu les contrats d'evolution
multi-satellite pour la station mobile Eagle Vision de l'US Air Force, le
projet de station transportable Radarsat en cooperation avec IOSAT, et la
station Spot-4 pour Satellitbild (Suede). MCS est le seul industriel au
monde a proposer le systeme de traitement de donnees du futur satellite
francais Spot-4 dont le lancement est desormais prevu en mars 1998.

Puis la societe a ete retenue par SICORP, filiale americaine de Spot Image,
pour la remise a niveau du systeme de traitement d'images base a Reston
(Virginie), par Suparco (Pakistan) pour son systeme de traitement de
donnees et par 1'INPE (Bresil) pour le projet de segment sol destine au
satellite sino-bresilien CBERS.

Le concurrent, la firme canadienne MacDonald Dettwiler, a pour sa part
vendu recemment sa premiere station mobile Fast Tracs capable de recevoir
les satellites Spot et Radarsat.

De son cote, l'ESA va deployer des stations mobiles pour la reception des
images radar des satellites ERS afin de repondre a des besoins urgents et
augmenter la couverture du systeme. En plus des trois stations en service
(Etats-Unis, Allemagne, Japon), deux autres devraient etre mises en service
a Libreville au Gabon pour l'etude de la deforestation en Afrique centrale
et a Cordoba en Argentine (initialement prevue au Kazakhstan). 


LE CARTERCOPTER
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Il n'est pas dans les habitudes de Space News InNet de publier un article
sur l'aviation. Mais lorsque la Nasa elle-meme finance l'etude et la
construction d'un modele d'helicoptere, et que celui-ci s'avere capable de
voler a plus de 20.000 metres d'altitude et d'effectuer le tour du monde
sans escale… Alors la oui, nous nos en faisons volontiers l'echo !

Battre tous les records du monde d'altitude, de vitesse et d'autonomie
detenus par la classe des helicopteres et des avions a helices: tel est
l'objectif du CarterCopter. Dans sa toute premiere version, ce girodyne
(autogire dont le rotor est entraine par un moteur) pourra transporter cinq
personnes de Los Angeles a New York, sans escale, a une vitesse moyenne de
640 km/h et une altitude de croisiere a 13.700 metres Mais son concepteur,
Jay Carter, ancien ingenieur de chez Bell, estime que le concept du
CarterCopter peut potentiellement atteindre l'altitude de croisiere record
de 21.000 metres d'altitude, la vitesse inegalee dans cette categorie de
805 km/h et presenter une autonomie unique de 47.000 km (le tour de la Terre).

L'idee doit paraitre farfelue a beaucoup. Et pourtant, la petite societe
texane du meme nom, creee par Jav Carter a Wichita Falls, vient de recevoir
une subvention consequente de la NASA: 670.000 dollars (4 millions de
francs) pour le developpement et les essais en vol du premier prototype au
cours des deux prochaines annees. Cette subvention a ete accordee apres la
campagne prometteuse d'essais en soufflerie au centre Ames de la NASA.
Effectuee sur une maquette au 1/6e du girodyne, elle a permis de definir la
configuration a 90 % et de prouver l'accessibilite des objectifs.

Aujourd'hui, le premier prototype du CarterCopter s'acheve. Il devrait
voler vers le milieu de cette annee. Pour ses decollages et atterrissages
verticaux, l'appareil possede un rotor bipale du type helicoptere.
L'originalite provient ici de masselottes d'uranium appauvri d'une
vingtaine de kilos , integre es a l'extremite de chacune des pales.
Extremement compactes, elles creent une force centrifuge qui permet, malgre
des faibles vitesses de rotation, de maintenir une bonne stabilite et une
bonne rigidite au g rotor. Pour atteindre des vitesses de croisiere
elevees, le CarterCopter possede une helice propulsive. Celle-ci, comme le
rotor, recoit son energie d'un moteur a pistons, leger, compact,
turbocompresse et a refroidissement par eau.

Ce girodyne possede egalement une petite aile qui permet de decharger le
rotor et de reduire sa vitesse de rotation au cours des vols a grande
vitesse, diminuant ainsi la puissance requise et la consommation en
carburant. Et puisque le rotor fournit la portance aux faibles vitesses,
l'aile est dimensionnee uniquement pour les vitesses plus elevees. En
d'autres termes, sa surface equivaut a un quart de celle des ailes
conventionnelles. Ainsi, combinant de la sorte un rotor a faible vitesse de
rotation et une petite surface alaire, le CarterCopter a une trainee
induite par le plan porteur inferieur de moitie comparable.

Des avions de taille comparable.

Jay Carter precise qu'il est possible d'envisager diverses versions du
CarterCopter: de deux a cinquante passagers, pour des applications civiles
ou militaires. L'ingenieur texan envisage de vendre une premiere version
biplace a des fabricants de kits. Certifiee vers l'an 2000, elle entrerait
alors sur le marche avec un prix d'achat compris entre 250.000 et 300.000
dollars (1,5 et 1,8 MF).

Christel TARDIF 


UN NOUVEL ECHEC D'ARIANE 5 POURRAIT SONNER LE
GLAS DES AMBITIONS SPATIALES DE L'EUROPE
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Une interview d'Yvan Ylieff, President du Conseil Ministeriel de l'ESA et
Ministre de la Politique Scientifique Belge.

Propos recueillis par Theo Pirard.

TP : Quels sont les enjeux de la prochaine conference ministerielle de l'ESA ?

"Cette conference se tiendra a Bruxelles. Elle aura lieu dans le courant du
premier trimestre 1998, sans doute en mars. D'ici la, nous avons un defi
tout a fait primordial a relever: reussir la qualification du lanceur
Ariane 5. Je n'ose pas penser a un nouvel echec, car celui-ci pourrait
sonner le glas, pour quelque temps, des ambitions spatiales de l'Europe.
Chaque fois que je le peux, j'insiste sur la necessite absolue de valider
au maximum la fusee pour etre pratiquement certain du succes pour le vol 502."

TP : Quelles decisions devront etre prises ?

"Le premier des sujets sera d'arreter de maniere definitive la decision de
realiser la capsule habitable CTV. D'ou l'importance de l'essai de rentree
dans l'atmosphere avec la capsule ARD sur le vol 503. L'Europe doit ainsi
affirmer sa volonte d'etre autonome pour acceder a l'espace et pour en
revenir. I1 y a les programmes a retombees economiques importantes, comme
les satellites de telecommunications ou de navigation, I'utilisation de la
station orbitale, et s'il y a un projet international de mission vers Mars,
l'Europe ne doit pas en etre absente."

TP : La Belgique a-t-elle un message particulier ?

"J'ai rappele aupres du directeur general de l'ESA que la Belgique fetait
le 5e anniversaire du vol de son premier astronaute et j'ai emis le souhait
qu'on pense a un deuxieme astronaute qui soit de preference deux fois "F',
c'est-a-dire femme et francophone, afin que chacune de nos communautes se
sente pleinement concernee par l'aventure spatiale."

TP : Pouvez-vous preciser ce que represente le spatial en Belgique ?

"Cette competence est importante a double titre. D'abord, parce qu'elle est
limitee au seul niveau federal et qu'un seul ministre est responsable de la
politique spatiale. Les ministres regionaux et communautaires n'ont pas de
competences institutionnelles en matiere spatiale. Ensuite, le budget est
d'environ six MdFB (environ un MdF), soit la moitie des credits federaux de
recherche scientifique que je suis amene a gerer."

TP : Quel est le poids de ce secteur dans l'economie belge ?

"On cite les chiffres de 1.500 personnes directement occupees et l'on
considere qu'ils peuvent generer des commandes pour a peu pres 3.000
autres. Le secteur spatial occuperait ainsi 4.500 personnes dans des
emplois tres qualifies avec des produits et services a haute valeur ajoutee."

TP : La Belgique a-t-elle un role particulier au sein de l'ESA ?

"Des mon entree en fonction comme ministre de la Politique scientifique,
j'ai ete appele a devenir le president du Conseil ministeriel de l'ESA. Non
pas parce que j'avais un merite quelconque, mais parce qu'il y avait
divergences de vues entre la France et l'Allemagne sur la politique future
de l'agence. On a fait appel au ministre belge parce que nous avons la
reputation de pouvoir sortir des difficultes par le compromis. En octobre
1995, a la conference de Toulouse, nous sommes parvenus a une entente qui,
dix-huit mois apres, tient toujours la route. On a pu la parfaire le 4 mars
avec la conference de Paris, qui a defini la nouvelle politique
industrielle de l'ESA."

TP : Quelles sont vos relations avec la Commission europeenne et l'UEO qui
s'interessent aussi a l'espace ?

"L'une des grandes preoccupations du ministre italien Luigi Berlinguer, qui
est responsable des activites spatiales de l'Italie, est la cooperation
entre les differents partenaires possibles d'une politique spatiale en
Europe. II s'agit de bien specifier les competences des uns et des autres,
de maniere a eviter les concurrences steriles. Ce sera l'une des taches de
monsieur Antonio Rodota, prochain directeur general de l'ESA. On devrait
avoir davantage de synergie entre 1'ESA, la Commission europeenne et
l'Union de l'Europe occidentale".

TP : L'Europe spatiale est-elle toujours en etat de crise ?

"Non. A Toulouse, nous avons mis la crise derriere nous. Mais l'Europe,
c'est un peu comme la liberte. Elle est toujours a conquerir. C'est une
idee qui sera, dans tres peu de temps, definitivement acquise. I1 faut se
battre en permanence pour la liberte comme pour l'idee europeenne. On est
bien conscient que l'echec d'Ariane 5, meme s'il n'y a pas eu de
declaration publique fracassante, a eu un effet de choc et a un effet de
stimulation: il faut qu'Ariane 5 reussisse. C'est en poursuivant cette
cooperation et en engrangeant des succes que nous pouvons mettre au point
le CTV et participer de maniere efficace a la station orbitale. C'est le
succes qui va appeler la reussite de la politique europeenne dans l'espace." 

Theo Pirard


LE CANADA FABRIQUERA LA MAIN SPATIALE D'ALPHA
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La visite du Premier ministre canadien Jean Chretien aura eu cela de bon
qu'il a reussi a remporter, en faveur des entreprises canadiennes, le
contrat de fabrication de la main spatiale (SPDM pour Special Purpose
Dexterous Manipulator) deja baptisee "Canada Hand". La main spatiale est un
petit robot a deux bras capable d'accomplir les taches d'assemblage les
plus delicates qui sont actuellement realisees par les astronautes lors
d'activites extravehiculaires.

Le gouvernement canadien, par l'intermediaire de l'Agence spatiale
canadienne, investira 207 M$ CAN d'ici trois ans pour la mise au point et
la construction du Canada Hand. Bien qu'officiellement Spar n'ait pas ete
cite dans l'annonce officielle du Premier ministre canadien, l'entreprise a
ete chargee de developper un bras manipulateur de plus grande dimension,
plus performant et plus intelligent que le Canadarm utilise par les
navettes americaines. Spar sera probablement chargee de la maitrise d'œuvre
de la main spatiale a laquelle seront associees des entreprises
canadiennes. A ce titre, Derlan Aerospace espere remporter, comme ce fut le
cas pour le Canadarm, de la conception et de la fabrication des boitiers
d'engrenages planetaires qui constituent les articulations de ces systemes
de haute precision.

Nicole BEAUCLAIR


NAVIGATION PAR SATELLITE AU JAPON
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L'aviation civile japonaise a confie a la Nippon Electric Company (NEC),
associee a Hughes et Lockheed Martin, un contrat de 210 MF pour etudier un
systeme de navigation par satellite multimodal. Utilisant les concepts
d'ameliorations des signaux des satellites Navstar GPS, ce projet baptise
MSAS se veut compatible avec le projet equivalent WMS mene aux Etats-Unis.
Le MSAS, qui ambitionne de couvrir une large part de l'Asie, devrait entrer
en service progressivement a partir de 1999, soit un an apres le WAAS
americain.


RECHERCHE EN MICROGRAVITE AUX USA
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Dans le cadre du programme americain de station orbitale, Case Western
Reserve University (CWRU) a Cleveland (Ohio) et l'association des
recherches spatiales universitaires (USRA) vont collaborer avec le centre
Lewis de la NASA sur la physique des fluides et les sciences de la
combustion. Cette collaboration donne naissance a un nouveau centre de
recherche en microgravite, base a Cleveland. La NASA financera le centre a
hauteur de 17,8 millions de dollars (100 MF) sur les cinq prochaines
annees. Ce centre sera le premier centre americain dedie a la recherche en
microgravite.


560 MF POUR LE LANCEUR SEA LAUNCH
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La Banque mondiale va preter 6 Md$ (33,6 MdF) a la Russie et garantir le
projet de lanceur Sea Launch pour lO0 M$ (560 MF). Il ne s'agit pas d'un
transfert d'argent, mais d'une garantie contre les risques politiques pour
les investisseurs commerciaux. Dans cette affaire, le gouvernement russe
fournit egalement une garantie. Un cas semblable etait intervenu pour le
projet de satellite franco-russe Sesat qui etait garanti par la BERD
(Banque europeenne pour la reconstruction et le Developpement). Le Sea
Launch, qui regroupe Boeing (USA), Youjnoye (Ukraine), Energya (Russie) et
Kvanaer (Norvege), prevoit de lancer des fusees Zenith-3 depuis une
plate-forme maritime a partir de juin 1998. Le cout total de ce projet
prive est evalue a environ 650 M$ (3,6 MdF). Le lanceur a deja ete commande
a dix-huit exemplaires par les constructeurs de satellites Hughes et Loral.


ABRIXAS LANCE DE KAPUSTIN YAR
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Le satellite allemand Abrixas (A Broadband Imaging X-Ray All-sky Survey
Satellite) sera lance par une fusee russe Cosmos-3M de la base de Kapustin
Yar en fevrier 1999. Ce sera la premiere utilisation de ce cosmodrome
depuis le vol suborbital d'une maquette de la navette Bourane en 1988.
Depuis, le site etait employe uniquement par les forces de fusees
strategiques. Abrixas (450 kgJ, construit par la firme OHB, sera place sur
une orbite circulaire a 600 km d'altitude inclinee a 57 deg pour etudier
les sources X de l'Univers.


LE SATELLITE RESSOURCE-DK EN 1999
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La firme russe TSSKB de Samara a annonce le lancement d'un nouveau
satellite de teledetection Ressource-DK a imagerie digitale (2 m de
resolution) en 1999. Ce satellite, qui remplacera les actuels Ressource-F a
capsule recuperable, est derive du Nika-Kouban lance par la fusee Zenith-2.
Depuis plusieurs annees, TSSKB a deja propose differentes variantes du
Nika-Kouban dont le Ressource Spectre-V (optique et micro-ondes), le
Ressource-Spectre-lS (optique a haute resolution) et le Ressource-Spectre-R
(radar).


DEUX LICENCES DE RADIO SATELLITAIRE
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La FCC a attribue deux licences pour des systemes de radiodiffusion
numerique par satellite a CD Radio Inc. et AMRC (American Mobile Radio
Corp). La premiere devrait lancer deux satellites Radiosat construits par
Loral en 1999 et 2000, tandis qu'AMRC, filiale d'AMSC (American Mobile
Satellite Corp), devrait commander deux satellites a Hughes. Chacun de ces
systemes est estime a 500 MS (2,8 MdF). Ils etaient en concurrence avec
DSBC (Digital Satellite Broadcasting Corp) et Primosphere.


LES NEWS
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Etats-Unis

Un satellite meteo militaire DMSP-5D a ete lance le 4 avril par une fusee
Titan-23G de Vandenberg (Californie).

Loral a finalement acquis Skynet Satellite Services d'ATT pour 478 M$ (2 6
MdF) au lieu des 712,5 M$ 13 9 MdFj prevus, a cause de la perte du
satellite Telstar-401.

La mission avortee de la navette Columbia (STS-83) pourrait etre reeditee
en juillet.

Les images d'Europa prises par la sonde Galileo, revelent la presence de
glace, donc d'eau, a la surface du satellite de Jupiter.

Les lancements des satellites Lewis et Clark par des fusees LMLV-1 sont
desormais annonces pour le 10 mai et le 10 juillet.

Russie

La capacite d'assurance spatiale de la Russie s'est reduite a 5-7 M$ en 1997.

Le gouvernement russe va debloquer 800 MF en avril et 700 MF en mai pour
satisfaire ses engagements concernant la station orbitale internationale
Alpha.

Le satellite Cosmos-2340 a ete lance le 9 avril par une fusee Molnya-M de
la base de Plessetsk.

Norvege

Le nouveau site de lancement de Ny-Alesund au Svalbard (Spitzberg} sera
utilise en decembre pour deux fusees-sondes Black Brant-9 du centre Goddard
de la NASA.

Chine

Le lancement du satellite DFH-3B est reporte en mai, tandis que celui du
satellite FY-2A est desormais prevu en juillet.

Emirats Arabes Unis

Les quatre finalistes de l'appel d'offres pour le projet de satellite
Thuraya, estime a 1 Md$ 15,6 MdF), sont Alcatel Aerospatiale Lockheed
Martin et Hughes.


Dans notre numero 146 de Space News InNet (entre autres et sous toutes
reserves) :

L'Univers sait-il ou il va ?
La main manipulatrice (canadienne) de la station Alpha.
Vers Argos-3.
La Russie et l'assurance spatiale.



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