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Space News InNet numero 128




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Space News InNet numero 128                    vendredi 17 janvier 1997


SPECIAL CHINE

La Chine mise sur l'Espace
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Il est tentant, en se rendant dans la Chine qui fut celle de Mao, de faire
la comparaison avec la Russie qui s'est ejectee brusquement du regime impose
par Lenine. Des l'arrivee a l'aeroport de Beijing, la Chine surprend par son
accueil, son dynamisme et son modernisme. On debarque dans une
infrastructure soignee, en expansion. Formalites de passeport et de douane
des plus simples: la volonte d'ouverture est perceptible et met a l'aise.
Panneaux publicitaires sur des produits japonais et coreens, aux cotes de
slogans chinois, sur bandes rouges, d'entreprises en construction: c'est la
cohabitation "a la chinoise" du communisme politique et du liberalisme
economique. On parle ici d'economie socialiste de marche et on compte sur le
savoir-faire des pays industrialises pour reussir le bond dans le XXIeme
siecle du milliard et deux cent millions de Chinois.

La Chine n'en est pas a un paradoxe pres. Une superbe autoroute... a peage
nous amene au coeur d'une cite en mutation, ou grouillent 11 millions
d'habitants a pied, en bus, en bicyclettes et en triporteurs ! L'energie du
mollet constitue la principale force de mouvement et du transport des
produits peu encombrants. Il y a bien des voitures, surtout allemandes et
japonaises, dont le nombre ne cesse de croitre. Pietons et cyclistes font
preuve d'une incroyable agilite en se faufilant a travers le trafic intense;
ils doivent s'imposer aux vehicules motorises qui cherchent a les intimider
a coups de klaxon. Un carrefour a Beijing est un spectacle dont le tohu-bohu
donne le frisson car, a tout moment, l'accident est evite de justesse.

Il regne a Beijing une grande animation avec ses petites echoppes qui
paraissent bien remplies et ses essaims de marchands qui etalent leurs
denrees sur le bas-cote de chaussees encombrees. Au pied de superbes
buildings qui poussent comme des champignons et qui sont surmontes de
paraboles pour communiquer par satellites, on trouve une myriade de bicoques
pauvres et peu confortables, dont l'environnement est sale et pollue. Les
arbres encore verdoyants, dans les rues poussiereuses, camouflent cet etat
de sous-developpement. Mal entretenus, les blocs d'appartements, construits
sur le modele sovietique, sont dans un certain etat de delabrement. Puis il
y a ces quartiers, flambant neufs, d'habitations tres modernes. Mais un
nuage de poussieres stagne au-dessus de la ville... et cache le soleil a ses
habitants. Cette pollution atmospherique et les edifices recents temoignent
du changement en cours.

"C'est incroyable de voir comment la capitale chinoise se transforme et se
modernise". Heinz Stoewer, l'ancien directeur des programmes a la Dara
(Agence allemande de l'astronautique), a visite a plusieurs reprises la
Chine au cours des dix dernieres annees et il est etonne par la metamorphose
rapide qui s'opere. "A ce rythme, les Chinois auront rejoint le peloton des
grandes nations dans une vingtaine d'annees, peut-etre meme avant. Ils ont
une jeunesse nombreuse qui se forme dans des universites et des instituts
superieurs, qui est determinee a acquerir le nec plus ultra de la
technologie pour gerer les ressources et les problemes." La television
nationale chinoise, dans ses journaux d'information, met l'accent sur
l'inauguration de nouvelles industries, la modernisation des transports, les
progres en agriculture, et montre les delegations de personnalites
etrangeres qui defilent chez le Premier Li Peng ou le President Jian
Zemin... Parmi ses clips video et de publicites, elle affiche un compte a
rebours journalier signalant que Hong Kong retournera dans le giron de la
Chine le 1 er juillet prochain.

Manifestement, Beijing ne veut pas paraitre moins attrayante que la
metropole commerciale de Hong Kong. Elle se dote de centres de conferences,
equipes de moyens performants de telecommunications, formes de complexes
hoteliers avec galeries commerciales. Le "China World Trade Center" est le
plus important de ces centres. C'est la, dans l'immeuble luxueux du "China
World Hotel", que s'est tenu, du 7 au 11 octobre, le 47 eme Congres de la
Federation internationale d'astronautique. Il accueillait l'exposition de
technologie spatiale "Space 96": on pouvait y decouvrir le savoir-faire,
pour les lanceurs, satellites, equipements de bord, systemes au sol, des
academies, instituts et industries de la Chine et s'y familiariser avec
leurs partenaires pour une cooperation. Ainsi trouvait-on les stands des
organismes spatiaux du Japon (avec Nec), de la France (avec Aerospatiale),
du Canada, du Bresil, de la Suede, de la Finlande, des Pays-Bas, d'Israel,
de la firme russe Khrounitchev, de societes allemandes (Daimler-Benz
Aerospace, EurasSpace, Teldix), italiennes (Alenia, Fiar), britanniques (Gec
Marconi, Igg Component Technology), americaines (Hughes, Lockheed Martin,
Space Systems/Loral, Trw, Motorola, EarthWatch, etc.).

Quelque 900 representants de 70 pays ont suivi les travaux du Congres
international d'astronautique, place sur le theme "Elargir l'eventail des
applications spatiales". L'ouverture tres solennelle eut lieu dans le cadre
du Grand Palais du Peuple le Parlement chinois sur la place Tienanmen, pres
du Mausolee de Mao et des palais rouges de la Cite interdite. Le president
Jian Zemin, "retenu pour affaires", n'y fit qu'une breve apparition. Juste
le temps de clamer haut et clair que "les progres rapides dans la
technologie spatiale et ses applications ont joue et continueront a jouer un
role constructif pour resoudre les problemes d'information, de protection de
l 'environnement, de gestion des ressources et du developpement
socio-economique." Et constatant que "le XXIeme siecle sera une nouvelle ere
pour un essor vigoureux de l'industrie de l 'espace", il reclamait une
cooperation internationale accrue et insistait sur le soutien du
gouvernement chinois pour faire du spatial un outil dans sa strategie de
developpement: "Nous allons chercher a faire preuve de plus de creativite et
de plus de reussite."

Le 8 octobre, la Chine celebrait les quarante ans de son industrie spatiale.
A cette occasion, le Premier Li Peng recut dans la Maison des Hotes d'Etat
une delegation de 18 personnalites d'agences et organisations spatiales;
elle etait conduite par Jean-Marie Luton, le directeur general de 1'Agence
spatiale europeenne (Esa). Li Peng renouvela le desir de la Chine de
cooperer avec d'autres pays dans l'espace: "La Chine a demarre son propre
programme de technologie spatiale voici precisement 40 ans et durant ces 40
dernieres annees, elle est parvenue a de grandes realisations. [...]
Neanmoins, nous sommes conscients du retard qu'a la Chine avec les pays
industrialises, mais nous sommes surs d'amener l'astronautique chinoise a un
niveau plus eleve grace a un effort tenace."

L'annonce des autorites chinoises ne souffre aucun doute: le spatial fait
partie des priorites de la Chine dans ses objectifs a long terme jusqu'en
2010 et dans le 9eme plan quinquennal de son developpement socio-economique.
Mais tout au long du congres, considere comme un evenement pour
l'astronautique dans le monde, les responsables du programme spatial chinois
sont restes plutot discrets et prudents. Pas de presence des presidents des
principaux organismes qui s'etaient fait remplacer. Pas de revelation
fracassante ni de plan detaille sur 1'avenir de la Chine dans l'espace. Ce
futur n'etait-il pas aprement discute au niveau du gouvernement? L'impact et
les contacts du congres ne devaient-ils pas influer sur les orientations a
privilegier dans le programme ?

Rivalite entre Beijing et Shanghai
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Chacun, dans l'attente des decisions en suspens, preferait garder le silence
sur le contenu du plan spatial... Comme si, sous la pression des militaires,
il y avait une certaine gene a parler des projets a l'etude. Il est vrai que
1996 n'a pu etre la grande annee, attendue, de l'astronautique chinoise. Sur
les cinq derniers lancements de fusees Longue Marche qui ont ete realises
entre novembre 1995 et aout 1996, deux ont echoue: le 14 fevrier, la
nouvelle fusee Longue Marche 3B, porteuse d'un satellite commercial de
telecommunications Intelsat 7, s'ecrasait apres son decollage et tuait les
temoins (une cinquantaine ?) du lancement, le 19 aout, une Longue Marche 3
consideree comme fiable ne reussissait pas a placer sur la bonne orbite le
satellite de telecommunications Chinasat-7 fourni par la societe americaine
Hughes. 

Il y a quarante ans, le 8 octobre 1956, le Comite central du parti
communiste chinois decidait de creer, sous l'autorite du ministere de la
Defense nationale, l'Academie de recherche numero 5 chargee de la mise au
point des fusees. Cette academie devint l'embryon de la Calvt (China Academy
Launch Vehicle Technology), l'academie chinoise des vehicules de lancements.
A ses cotes, pour le developpement des satellites, vit le jour la Cast
(China Academy of Space Technology), l'academie chinoise de technologie
spatiale. En juin 1993, une importante restructuration de l'industrie
aerospatiale en Chine donnait naissance a la Casc (China Aerospace
Corporation). Il s'agit d'une veritable entreprise de 250.000 personnes
(dont un tiers sont des chercheurs, ingenieurs et techniciens) qui sont
reparties dans des centaines de filiales (academies, instituts, centres de
recherche, compagnies industrielles). Depuis 1994, la Casc est chargee de la
gestion du programme spatial chinois pour la Cnsa (China National Space
Administration). En fait, cette administration est l'organisation officielle
pour les relations avec les agences spatiales etrangeres; elle a son siege a
la meme adresse que la Casc et on retrouve parmi ses responsables les
principaux dirigeants de la Casc.

L'exposition "Space 96" permettait de faire davantage connaissance avec les
grands acteurs qui font aujourd'hui la Chine dans l'espace. L'organisation
de l'astronautique chinoise parait centralisee mais elle est affectee par de
nombreuses rivalites, qui resultent de la revolution culturelle des annees
60. On trouve ces rivalites entre les principales filiales du Casc pour les
activites spatiales:

- La Calt (China Academy Launch Vehicle Technology), precedemment appelee
Wan Yuan Industry Corporation, est implantee depuis 1957 dans la banlieue de
Beijing. Cette "academie" qui emploie 27.000 personnes (dont 9.000
ingenieurs et professeurs) est responsable de la production de la famille
des lanceurs Longue Marche (qui sont derives des missiles chinois). La Calt
fabrique la Longue Marche 1D a trois etages (1 tonne en orbite basse), la
Longue Marche 2C a 2 etages (2,8 tonnes), la Longue Marche 2E a deux etages
(9,2 tonnes), ainsi que les deux modeles de troisieme etage cryogenique (a
hydrogene et oxygene liquides) des Longue Marche 3, 3A, 3B et 3C. Il nous a
ete donne d'aller au coeur de la Calt pour une visite de son magnifique
musee de l'espace: tous les moteurs-fusees chinois, actuellement en service,
sont exposes et un lanceur Longue Marche 4 est presente a l'horizontale.
Secret d'Etat oblige: il etait interdit d'y prendre des photos !

- La Sast (Shanghai Academy of Spaceflight Technology), connue sous le nom
de Shanghai Bureau of Astronautics, est localisee dans la region de Shanghai
et compte 30.000 employes (dont 8.000 ingenieurs). C'est a l'automne
1969qu'elle a commence a mettre au point la fusee Fb 1 (Feng Bao, alias
Tempe Ate) a 2 etages, qui a donne naissance a la Longue Marche 2D (3 tonnes
en orbite basse) et a la Longue Marche 4A (2,8 tonnes en orbite
heliosynchrone). Cette fusee equipee d'un troisieme etage cryogenique de la
Calt, constitue la base de la famille des Longue Marche 3 ( 1.450 kg en
orbite de transfert geostationnaire), 3A (2,6 tonnes), 3B (5 tonnes) et 3C
(3,7 tonnes); ces deux dernieres versions ne sont pas encore operationnelles.

Deux chaines de production
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Pour produire les deux premiers etages des Longue Marche 3, la Sast est le
sous-traitant de la Calt. Dans la famille des lanceurs chinois, on est
frappe par la ressemblance entre les deux premiers etages de la Longue
Marche 2E et de la Longue Marche 3B. Comme nous l'a explique le professeur
Wang Yue, qui dirige le departement de la cooperation internationale a la
Sast: "La premiere est fabriquee a Beijing, tandis que l'autre est realisee
a Shanghai. La Chine a deux chaines de production de fusees a liquides.
Cette dualite est due a l'histoire recente: lors la revolution culturelle,
des ingenieurs de Beijing ont quitte la capitale avec les plans de la
nouvelle fusee chinoise. Ils sont alles s'installer a Shanghai..."

La Cgwic (China Great Wall Industry Corporation), la Compagnie industrielle
chinoise de la Grande Muraille est chargee de commercialiser dans le monde
les produits et services spatiaux "made in China". Elle a vendu des
lancements sur Longue Marche a des societes americaines, a l'agence spatiale
suedoise, a des operateurs de telecommunications de Hong Kong et d'Australie
ainsi qu'a l'organisation internationale Intelsat... Pour honorer ses
prochains contrats de mise sur orbite de satellites geostationnaires de
telecommunications et de television, la Cgwic a besoin de la fusee Longue
Marche 3B. Son premier vol, au debut de cette annee, s'est solde par un
echec dramatique. Trois tirs commerciaux de Longue Marche 3B doivent avoir
lieu en 1997.

La Cast (China Academy of Space Technology), basee a Beijing, occupe plus de
10.000 personnes pour concevoir, realiser et tester les satellites
scientifiques Sj (Shi Jian) et technologiques Sjjw (Ji Shu Shiyan Weixing),
les capsules recuperables Fsw (Fanhui Shi Weixing) destinees a des
observations de la Terre et a des experiences en microgravite, les
satellites Dfh (Dong Fang Hong) de telecommunications et de television... La
Cast maitrise la technologie de la stabilisation sur les trois axes et
prepare une plate-forme legere pour des mini-satellites. Elle coopere avec
l'lnpe bresilien (Instituto Nacional de Pesquisas Espaciais) pour realiser
en commun le satellite de teledetection Zy (Zi Yuan).

Le Sise (Shanghai Institute of Satellite Engineering), est responsable de la
realisation des satellites meteorologiques Fy (Feng Yun): les Fy-l places
sur orbite polaire et les Fy-2 a fixer sur l'orbite geostationnaire.

Ce sont les instances militaires qui ont entrepris un programme spatial en
Chine et qui en gardent jalousement le controle. Avec le Costind (Commission
of Science, Technology and Industry for National Defence), ils sont
directement impliques dans la realisation du programme Cltc. Le China
Satellite Launch & Control General, qui depend du Costind, est responsable
de toute l'infrastructure au sol pour lancer en toute securite, guider et
controler sur orbite les satellites. Pour les lancements des Longue Marche,
l'infrastructure est constituee de trois bases: a Jiuquan (pres de la
Mongolie), a Xi-Chang (dans les montagnes du Sud) et a Taiyuan (non loin de
la capitale). La surveillance des engins mis sur orbite est assuree par un
centre de controle, implante dans la cite historique de Xian, qui gere un
reseau de poursuite, de telemetrie et de telecommande. Ce reseau comprend
dix stations fixes et deux stations mobiles sur le territoire chinois et
utilise trois navires de 10.000 tonnes, specialement equipes, dans les eaux
internationales.

Cinquante lancements : 80% de reussite !
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Les activites de science spatiale, a l'aide de fusees-sondes et de
satellites, sont gerees par la Cas (China Academy of Sciences). Celle-ci
collabore etroitement avec la Cast pour elaborer les missions scientifiques
des satellites du programme Sj (Shi Jian), pour mettre au point une petite
plate-forme modulaire pour des satellites de 250 kg, pour preparer les
experiences en microgravite a bord de capsules recuperables. La Cas est
responsable d'un Institut des applications de teledetection (Institute of
Remote Sensing Applications) et de la station chinoise de Beijing pour la
reception et le traitement des donnees des satellites d'observation
americains, japonais, europeens et canadiens. Elle coordonne les travaux des
chercheurs sur les nouveaux instruments et logiciels pour l'imagerie
multispectrale des ressources terrestres.

Une session speciale du congres a donne lieu a une presentation de la Chine
spatiale. Devant une assistance nombreuse, des representants de la Cnsa, de
Calt, de la Cast, du Costind et de la Cas ont fait le point sur leurs
activites passees et a venir. Ils ont decrit les realisations et esquisse
les priorites du programme spatial chinois. On a appris (en insistant !) que
le budget consacre par la Chine a l'espace etait de l'ordre du dixieme de ce
que la Nasa americaine recevait pour ses activites spatiales; ce budget pour
1996 se situerait aux alentours de 1,3 milliard de dollars, soit quelque 40
milliards de francs belges. Il etait possible, en combinant leurs
informations avec ce qu'on pouvait voir a l'exposition, de se faire une idee
de ce que les Chinois preparent... C'est seulement dans les jours qui ont
suivi le congres et lors des visites techniques qu'ils ont precise leurs
projets.

C'est dans les annees 70, au lendemain de la revolution culturelle, que
l'effort chinois pour l'espace se revele dans les lancements de petits
satellites. Il s'agissait alors de montrer au "Tiers Monde" le savoir-faire
technologique du communisme "a la chinoise". Le 24 avril 1970, la Chine
reussissait, apparemment des sa premiere tentative, a mettre sur orbite Dong
Fang Hong numero 1 (173 kg), un satellite emettant l'hymne "L'Orient est
rouge". Elle devenait, apres l'Union sovietique, les Etats-Unis et la
France, la quatrieme puissance capable de placer des engins autour de la
Terre. Entre avril 1970 et aout 1996, les Chinois ont procede a 50
lancements de satellites avec des fusees Longue Marche, tirees de Jiuquan,
Xi-Chang et Taiyuan. Dix vols se sont soldes par des echecs, comme le
revelait un tableau au musee de l'espace de la Calt. Faites le calcul: le
taux de reussite des lanceurs chinois n'est que de 80% ! Avec 40 lancements
reussis, six versions de Longue Marche (1 D, 2C, 2D, 2E, 3 et 3A) ont mis
sur orbite:

- cinq satellites pour le programme scientifique Sj (Shi Jian); le dernier
en date, lance le 8 fevrier 1994, est Shi Jian n degres4 (410 kg) pour
l'etude du champ magnetique terrestre, sur une orbite de transfert
geostationnaire; quatre satellites technologiques (1 tonne) a usage
militaire, sur lesquels on a peu de renseignements; 

- seize satellites Fsw (Fanhui Shi Weixing), dotes de capsules recuperables
pour des observations de la Terre (le plus souvent en octobre) et pour des
experiences en microgravite; le modele FSW-2, qui est le plus performant, a
une masse de 2,5 tonnes (dont 10% de charge utile qui peut etre recuperee)
et reste au moins deux semaines sur orbite;

- six satellites geostationnaires "made in China" de telecommunications et
de television; entre avril 1984 a fin 1990, ce sont des satellites
stabilises par rotation qui ont ete lances par des Longue Marche 3; a la fin
de 1994, le Dfh-3A (Dong Fang Hong), stabilise sur les trois axes, etait
fixe par une Longue Marche 3A sur sa position geostationnaire mais son
systeme de controle d'attitude tombait en panne de carburant... suite a une
fuite;

- deux satellites polaires Fy (Feng Yun) d'observation meteorologique,
lances de la base de Taiyuan; tous deux ont connu des problemes
d'orientation et sont aujourd'hui inutilisables;

Une dizaine de lancements avec des Longue Marche ont servi a effectuer des
missions commerciales pour le compte de la China Great Wall Industry
Corporation:

- sept satellites geostationnaires "made in Usa" pour des societes privees
de telecommunications et de television a Hong Kong, en Australie et aux
Etats-Unis;

- un micro-satellite technologique pakistanais et un mini-satellite
scientifique suedois.

Des Chinois dans l'Espace ?
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L'astronautique chinoise a connu bien des deboires avec ses lancements de
fusees et avec le fonctionnement sur orbite de ses satellites. Son objectif
premier est de faire la demonstration de la fiabilite des lanceurs Longue
Marche et de la stabilisation sur les trois axes de ses satellites
d'applications. Sans cette fiabilite qu'ils ont a ameliorer, les Chinois
savent qu'ils ne peuvent pas trouver de partenaires pour collaborer dans
l'espace, ni des clients pour leurs produits et services spatiaux. C'est
leur credibilite qui est en jeu. Par ailleurs, le programme spatial chinois
doit, avec des moyens peu couteux et peu complexes, repondre aux priorites
du pays pour son developpement socio-economique: la prevision des seismes,
l'aide aux regions sinistrees, l'exploitation des ressources, la protection
de l'environnement, la gestion des transports, la diffusion de
l'enseignement, l'acces aux reseaux de communications, la realisation et la
mise a jour des systemes d'information geographique...

L'on comprend mieux les deux grands axes du plan a long terme (jusqu'en
2010) des activites spatiales en Chine: des realisations spectaculaires et
des systemes d'applications. Ces activites ont ete esquissees par Wang
Li-heng, le vice-administrateur de la China National Space Administration:
"Les points de reference pour la fin de ce siecle sont que la Chine va
mettre au point des satellites geostationnaires pour des communications a
hauts debits et pour des observations meteorologiques, des satellites
multi-taches d 'observation des ressources terrestres, des systemes
d'applications dans l'espace et au sol. Une fois que ces satellites auront
ete mis en orbite et en service, la Chine se dotera d'une capacite autonome
et permanente qui servira a des applications de longue duree par satellites,
qui integrera la technologie spatiale aux activites terrestres et qui la
connectera au reseau international. (...) L'industrie spatiale chinoise
cherchera a se surpasser au XXI eme siecle. On aura une grande variete de
satellites d'applications "made in China". La Chine lancera egalement des
sondes pour l 'etude de l 'environnement terrestre, I'exploration du systeme
solaire et se lancera dans la technologie des vols spatiaux habites. "

La Chine spatiale ne manque pas d'ambitions. L'annonce officielle des
preparatifs d'un vaisseau qui emmenera des Chinois dans l'espace en est la
preuve. Il s'agit du "Projet 921" qui est secretement en cours, depuis 1992,
dans le cadre des activites du ministere de la Defense. L'astronautique
chinoise maitrise deja la recuperation de capsules spatiales de 1,5 tonne;
la version la plus recente de ces satellites est equipee pour manoeuvrer sur
orbite. Peu de details sont connus sur la cabine habitee que la Chine met au
point pour un vol spatial qui pourrait avoir lieu des 1999, pour le
cinquantieme anniversaire de la Republique populaire. Le vaisseau chinois
serait de forme conique: concu pour un equipage de deux astronautes, il
serait un melange de Soyouz russe et de Gemini americaine et son originalite
serait d'etre reutilisable... 

Discretement, des experts russes pour le materiel des vols habites ont ete
contactes et invites en Chine. Beijing a envoye des etudiants au Mai (Moscow
Aviation Institute) pour s'initier a la technologie des vaisseaux spatiaux.
Des pilotes chinois sont alles a la Cite des Etoiles, pres de Moscou, se
familiariser avec les equipements pour l'entrainement des cosmonautes.

Vive la cooperation
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Dans le domaine des lanceurs, la Calt est dans une phase de transition. Elle
doit rendre operationnelle la puissante fusee Longue Marche 3B (13,6 tonnes
en orbite basse ou 5 tonnes en orbite de transfert geostationnaire). Dans la
foulee, elle mettra au point la Longue Marche 3C (3,7 tonnes en orbite de
transfert). Elle prepare les ameliorations de deux fusees: la Longue Marche
2C/Sd (Smart Dispenser) pour des lancements doubles de mini-satellites, la
Longue Marche 4B pour avoir de meilleures performances en orbite polaire.
Elle est en train de concevoir une nouvelle famille de lanceurs modulaires
(les Longue Marche 5 ?), utilisant des propergols non toxiques. L'industrie
chinoise doit maitriser la technologie et la production des moteurs-fusees
fonctionnant au kerosene et a l'oxygene liquide. Elle a noue des contacts
avec les firmes russes et ukrainiennes, qui sont impliquees dans la
fabrication du lanceur Zenit, ecologiquement propre. Les Longue Marche de la
prochaine generation doivent offrir une fiabilite tres elevee, puisque l'un
des modeles servira a satelliser le vaisseau spatial avec deux Chinois a
bord... Le plus puissant aura la capacite de lancer une vingtaine de tonnes !

En ce qui concerne les satellites, les operateurs de telecommunications en
Chine n'ont pas attendu que la technologie chinoise devienne fiable et
performante. Ils ont achete, pour etre lances avec des Longue Marche, des
satellites aux fabricants americains (Chinasat chez Hughes, Chinastar chez
Lockheed Martin) et europeens (Sinosat chez Aerospatiale et Daimler-Benz
Aerospace). La Cast met la derniere main a des satellites geostationnaires
pour les telecommunications (Dfh-3B) et pour la meteorologie (Fy-2), qui
vont etre lances dans les prochaines semaines. Elle prepare des versions
revues et corrigees pour ses satellites meteo polaires Fy-1. La Cast
s'interesse beaucoup aux mini-satellites (250 kg) pour une grande variete de
missions: l'observation "haute resolution" de la Terre, un systeme national
de navigation, une constellation pour des communications regionales, une
sonde autour de la Lune... Elle envisage l'emploi de micro-satellites (50
kg) dans son reseau de collecte de donnees pour la prediction des
tremblements de terre. De leur cote, la Cas (China Academy of Sciences) et
le Beijing Astronomical Observatory vont collaborer avec Daimler-Benz
Aerospace pour realiser le Sst (Solar Space Telescope) de 2 tonnes; lance en
2002 et place a 600 km sur une orbite heliosynchrone, cet observatoire sera
pointe en permanence vers le Soleil... Le cout de ce projet sino-germanique
d'astrophysique solaire est estime a 100 millions de dollars, soit 3
milliards de francs belges.

En matiere de teledetection spatiale, la Chine accuse un certain retard. Sa
station de Beijing, qui depend de la Cas, n'a pas encore l'efficacite
souhaitee. La mise au point de l'electronique des senseurs multispectraux et
des equipements radar pour les satellites d'observation prend du temps. La
Cas (China Aerospace Corporation) envisage l'achat d'un satellite "clefs sur
porte" qui peut voir a travers la couverture nuageuse; Daimler-Benz
Aerospace (Allemagne) avec un satellite du type Ers, Spar Aerospace (Canada)
avec un Radarsat sont candidats. La Cast a entrepris une collaboration
exemplaire avec le Bresil pour realiser une famille de satellites de
teledetection optique, les Cbers (China Brazil Earth Resources Satellites)
ou Zi yuan. Dans ce programme conjoint de quelque 200 millions de dollars,
soit 6 milliards de francs belges, l'lnpe (Instituto Nacional de Pesquisas
Espaciais) de Sao Paulo fournit la camera large champ de moyenne resolution
(258 m) et les panneaux solaires. La Cast realise la plate-forme avec la
camera multispectrale a haute resolution (20 m) et procure le lancement. Le
premier Zi yuan doit etre satellise sur une orbite heliosynchrone a 778 km
d'altitude par une Longue Marche 4 au debut de 1998; il sera suivi d'un
second en l'an 2000. Les autorites chinoises et bresiliennes negocient la
mise en place d'une societe de commercialisation des donnees et une autre
cooperation dans le cadre de systemes de telecommunications par satellites.

Theo PIRARD (Athena)


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